jeudi 28 avril 2016

Coup au but, plein centre !

Quand la grande muette commence à grogner (2)


Depuis l'année dernière, devant la dérive et surtout le désarmement de nos forces par les programmes politiques incohérents et en contradiction avec la multiplication des missions et l'évolution des menaces de plus en plus radicales et dangereuses, un certain nombre d'officiers généraux et supérieurs exaspérés et surtout responsables de leurs hommes autant que de leurs missions, sont sortis de leur réserve pour afficher clairement leurs inquiétudes quant au maintien des capacités opérationnelles des forces françaises.

Le général de gendarmerie Soubelet dans un rapport demandé par une commission parlementaire avait osé dire la vérité et rappeler les responsabilités du gouvernement dans le maintien des moyens matériels, humains et législatifs de la Sécurité et de la Défense...

La réponse fut autant sournoise que cinglante : mépris, mutation d'un officier qui n'avait fait qu'accomplir son devoir !

Les sanctions indirectes et injustes subies par le Général Soubelet n'ont fait bien sûr qu’accroître le mécontentement des autres responsables militaires et la grogne depuis enfle au fond de la gorge de la "grande muette"

Alain Juppé, dont on ne sait plus si il a la carte du parti républicain français ou étasunien, a rappelé de façon discourtoise et même insultante q'un militaire "doit fermer sa gueule" et ne pas se mêler des affaires politiques (Le général de Gaulle a du se retourner dans sa tombe).

Voici la réponse élégante et ferme du général Henri Pinard Legry, Président de l'ASAF, à ce malotru qui se croit déjà Chef des Armées !

Source, le lien ici : ASA France

Juppé : Arrogance et autisme
Billet du général Henri Pinard Legry, Président de l'ASAF.

Les propos tenus le 25 avril devant des étudiants de l’IEP de Bordeaux par monsieur Juppé au sujet du général de corps d’armée Bertrand Soubelet sont parfaitement incongrus et incompréhensibles au regard des responsabilités qui lui ont été confiées dans le passé et de celles auxquelles il aspire pour l’avenir proche.

« Un militaire, c'est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s'en va »
Non, monsieur Juppé, un officier général n’est pas un ministre qui passe d’un ministère à un autre souvent sans connaître grand-chose aux matières qu’il est amené à y traiter.
Un officier général, en situation de responsabilité, possède une compétence  indiscutable et indispensable pour permettre aux dirigeants politiques (Président, ministres et élus) de prendre les meilleures décisions en toute connaissance de cause. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle le général Soubelet a été auditionné !

Les militaires, y compris ceux qui appartiennent au haut commandement, ont donc le devoir de s’exprimer devant les élus et les Français avec la plus grande franchise. 
Refuser les analyses et les propositions de ceux qui possèdent la connaissance précise des réalités, c’est faire preuve d’un autisme qui explique sans aucun doute bien des problèmes que la France rencontre sans les traiter au fond parce que ses dirigeants ne savent pas écouter et donc comprendre et décider avec intelligence.

Dire d’autre part que : « Les militaires ont le droit de penser mais il y a des limites à ne pas dépasser » est non seulement inconvenant mais proprement scandaleux. C’est la marque d’une suffisance voire d’une arrogance détestables souvent attachées d’ailleurs à l’image que les Français ont de l’auteur de cette sentence. Qu’aurait dit monsieur Juppé si l’on avait appris que le général Soubelet avait caché la vérité à la représentation nationale ? Aurait-il félicité ce général d’avoir menti par omission ?

En écoutant ces propos, on comprend bien pourquoi les Français disent ne plus avoir confiance en une classe politique autiste.

Ils souhaitent maintenant des chefs francs et clairvoyants, courageux et animés du seul souci de servir l’intérêt général.

En considérant les militaires comme de simples exécutants muets, monsieur Juppé exprime en fait sa volonté de voir une caste politicienne conserver le pouvoir et ses prérogatives, en faisant taire les Français qui veulent ardemment sortir la France de l’impasse dans laquelle elle se trouve.


Monsieur Juppé, en ce centième anniversaire de la bataille de Verdun, l’Histoire nous rappelle qu’on ne conduit pas la France à la victoire et au succès contre les Français ou sans eux.  

Cela est d’autant plus vrai quand on aspire à devenir le chef des armées et qu’on se permet de faire de la démagogie sur le dos des soldats français.


Henri PINARD LEGRY
Officier général en 2ème section
Président de l’ASAF


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