mardi 28 juin 2016

"Je vis comme je peux dans un pays malheureux"

" Le monde a pour égouts, des temps comme les nôtres " 

Victor Hugo


En 1958, deux ans avant sa mort, Albert Camus dressait déjà un tableau triste mais réaliste de la société moderne. Aujourd'hui, à l'heure de l'effondrement final ses paroles ont la résonance d'une prophétie de destinée pour celles et ceux qui sont à la croisée des chemins entre la liberté du loup d'un côté et de l'autre, la servitude du chien.

Ce qui est sûr aujourd'hui c'est que l'une et l'autre de ces deux voies sont parsemées d'inconnues et de souffrance. A nous de décider si nous devons les subir en rampant devant nos maîtres, ou les assumer en combattant cette servitude qui nous déshumanise totalement.

Erwan Castel

"un monde malheureux riche de son peuple et de sa jeunesse, 
provisoirement pauvre dans ses élites"


Ce discours, que l'on considère aujourd'hui comme son "Testament politique" 
fut prononcé par Albert Camus le 22 janvier 1958 
devant des réfugiés espagnols ayant fui le Franquisme.


«J’essaie , en tout cas , solitaire ou non , de faire mon Métier .
Et si je le trouve parfois dur, c’est qu’il s’exerce principalement dans l’assez affreuse société intellectuelle où nous vivons,
où l’on se fait un point d’honneur de la déloyauté
où le réflexe a remplacé la réflexion
où l’on pense à coup de slogan
et où la méchanceté essaie de se faire passer trop souvent pour l’intelligence.
Que faire d’autre alors, sinon se fier à son étoile
et continuer avec entêtement la marche aveugle, hésitante, qui est celle de tout artiste
et qui la justifie quand même, à la seule condition qu’il se fasse une idée juste,à la fois de la grandeur de son métier, et de son infirmité personnelle.

Cela revient souvent à mécontenter tout le monde.
Je ne suis pas de ces amants de la liberté
qui veulent la parer de chaînes redoublées
ni de ces serviteurs de la justice qui pensent qu’on ne sert bien la justice qu’en vouant plusieurs générations à l’injustice.
Je vis comme je peux, dans un monde malheureux
riche de son peuple et de sa jeunesse,
provisoirement pauvre dans ses élites,
lancé à la recherche d’un ordre et d’une renaissance à laquelle je crois.
Sans liberté vraie, et sans un certain honneur, je ne puis vivre.
Voilà l’idée que je me fais de mon métier.»

Discours d'Albert Camus le 22 janvier 1958

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Albert Camus 


« Fils de Lucien Camus  ouvrier agricole mort pendant la Grande Guerre et de Catherine Sintes, jeune servante d’origine espagnole, Albert Camus né en 1913  à Mondovie, grandit à Alger où il fait des études de philosophie.Il entame alors une carrière de journaliste et écrit pour Alger Républicain où ses articles le font remarquer.

Il part ensuite pour Paris  et est engagé par Paris soir. Dans les mêmes années, il publie L’Etranger un roman qui arrivera en tête du classement des cent meilleurs livres du XXème  siècle en 1999.En 1936, il fonde le Théâtre du Travail et écrit avec trois amis Révolte dans les Asturies, une pièce qui sera interdite.

Lorsque débute la Seconde Guerre mondiale, il intègre un mouvement de résistance à Paris, tout comme Jean-Paul Sartre, avec lequel il se lie d’amitié. Il devient ensuite rédacteur en chef du journal Combat à la Libération. C’est dans ce journal que paraît un éditorial écrit par Camus et resté célèbre, dans lequel il dénonce l’utilisation de la bombe atomique par les Etats-Unis.

La Peste est publiée en 1947 et connaît un très grand succès. Son oeuvre articulée autour des thèmes de l’absurde et de la révolte est indissociable de ses prises de position publiquesconcernant le franquisme, le communisme, le drame algérien…

Il obtient le prix Nobel de littérature en 1957 pour l’ensemble d’une oeuvre qui met en lumière, avec un sérieux pénétrant les problèmes qui se posent de nos jours à la conscience des hommes.Trois ans plus tard, le 4 janvier 1960, il meurt tragiquement dans un accident de voiture. »

Source : Evene.fr

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