Le Montenegro devient un valet de Washington
John Kerry le représentant de la Diplomatie étasunienne et Milo Đukanović Le Premier ministre monténégrin |
Le 19 mai dernier, le Secrétaire général de l'OTAN, Jens Stoltenberg a présidé la signature du protocole d'accès du Montenegro à l'Organisation du Traité de l'Atlantique Nord. L'intégration, qui devrait intervenir au cours des prochains 18 moisde ce petit pays des Balkans (moins de 14000 km et 700 000 ha) qui représente un événement important pour cette région stratégique qui depuis la fin de la guerre froide est devenue le centre d'enjeux majeurs.
L'importance stratégique du Montenegro
Le sort du Montenegro, malgré son actuelle indépendance reste toujours lié, à celui de la Serbie, ce pays orthodoxe, proche de la Russie et qui résiste au mirage occidental. Même après le démantèlement de la Yougoslavie par les forces de l'OTAN, la Serbie reste le pivot central de toute la péninsule des Balkans et un objectif majeur pour un Nouvel Ordre Mondial qui veut contrôler la Méditerranée.
Or le Montenegro qui est un balcon maritime de la Serbie sur la mer Adriatique et, les occidentaux, dans une logique d'encerclement ("Contaitment"), cherchent à occuper tout le pourtour de la Méditerranée. Il faut donc pour Washington s'assurer que cette région des Balkans qui est le dernier territoire des rives septentrionales de la Méditerranée qui ne soit pas sous son contrôle ne tombe pas dans le zone d'influence de Moscou.
Par ailleurs, dans cette région il y a aussi des intérêts économiques majeurs et notamment gaziers avec le passage sur son territoire d'une partie du tracé du pipeline ionien-Adriatique depuis longtemps espéré qui doit se raccorder au pipeline Trans-Adriatic.
Autant de raisons qui motivent l'UE et l'OTAN à soutenir coûte que coûte l'europhile Milo Đukanović, même s'il est aujourd'hui un 1er Ministre au moins aussi impopulaire que Manuel Valls en France. Le traitement médiatique occidental des violentes répressions déclenchées par l'Etat contre les manifestants anti-OTAN, en montrant une quasi indifférence complice en est une preuve flagrante.
Par ailleurs, dans cette région il y a aussi des intérêts économiques majeurs et notamment gaziers avec le passage sur son territoire d'une partie du tracé du pipeline ionien-Adriatique depuis longtemps espéré qui doit se raccorder au pipeline Trans-Adriatic.
Autant de raisons qui motivent l'UE et l'OTAN à soutenir coûte que coûte l'europhile Milo Đukanović, même s'il est aujourd'hui un 1er Ministre au moins aussi impopulaire que Manuel Valls en France. Le traitement médiatique occidental des violentes répressions déclenchées par l'Etat contre les manifestants anti-OTAN, en montrant une quasi indifférence complice en est une preuve flagrante.
La stratégie occidentale consiste donc :
1/ Isoler,
2/ Appâter,
3/ Ferrer,
4/ Fatiguer
5/ et enfin mettre le poisson dans le panier ! (en cours)
Pour sortir ce petit pays de son influence serbe, comme pour le Kosovo, un nouveau référendum est organisé 14 ans après que 95,96 % de la population aient d'abord refusé l'indépendance. Mais cette fois à l'issue d'une campagne soutenue par les occidentaux, le Monténégro vote pour son indépendance en mai 2006, par 55,4 % de oui. L'initiateur de ce scrutin, le pro-atlantiste Milo Đukanović, devenu le Premier ministre monténégrin a confirmé que cette indépendance était en fait le premier d'un processus d'intégration de cette région dans le système militaire étasunien en Europe.
Désormais le poisson est isolé et trop petit pour vivre seul !
Ensuite une reconnaissance flatteuse de ce nouvel état est organisée dès le lendemain de son indépendance :
- Le 22 juin le Montenegro devient le 56ème pays à l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe (OSCE),
- Le 28 juin, il est admis en tant que 192e État membre de l’Organisation des Nations Unies (ONU)
Ça y est le poisson est maintenant appâté !
- Le 15 octobre 2007, le Monténégro signe un Accord de stabilisation et d'association avec l’Union européenne.
Le travail et la coopération peuvent commencer..
Le poisson est ferré !
Le miroir aux alouettes qu'est l'Union Européenne attire Podgorica qui a besoin d'un tuteur pour se développer, et pour la faire baver Bruxelles multiplie les promesses et les conditions et fait durer le suspense...
- Le 15 décembre 2008, le Monténégro dépose sa candidature à l'adhésion à l'Union européenne.
- Le 9 novembre 2010, la Commission européenne accorde au Monténégro le statut de candidat à l’adhésion.
- Le 17 décembre 2010, le Conseil européen confirme son statut officiel de candidat, les négociations d'adhésion commencent avec un Montenegro impatient et avide...
- 2016, rien n'est encore décidé ...
Aujourd'hui le poisson fatigué est prêt a accepter tout !
Désormais Washington et ses valets de Bruxelles sont en position de marchander et imposer leurs conditions avant d'ouvrir complètement les portes d'une Union Européenne qui vient d'éclairer son panneau publicitaire !
Et c'est là que l'OTAN apparaît : En tout, 6 pays sont invités à accepter l'OTAN en préambule à une intégration éventuelle dans l'Union Européenne (Albanie, la Macédoine, le Monténégro, la Turquie et la Serbie). Avec les échecs de la stratégie étasunienne en Syrie et en Ukraine (les ports militaires russes de Sébastopol et Tartous sont toujours là) Washington a entrepris d'accélérer le verrouillage du reste de la Méditerranée, entre autre en accélérant pour le Montenegro, son intégration dans l'OTAN.
On s'aperçoit que l'OTAN, qui apparaît toujours dans la course après l'UE, double souvent cette dernière en installant ses bases militaires dans les pays cités plus haut, qui attendent toujours quant à eux de pouvoir rajouter leur étoile sur le drapeau des valets étasuniens en Europe. Et cela risque fort d'être le même scénario pour l'Ukraine...
- Le 19 mai a donc eu lieu à Bruxelles, au quartier général de l'organisation militaire sous commandement étasunien, la signature du protocole d’adhésion du Monténégro à l’OTAN
Extension de l'OTAN à travers le Monde |
Les Balkans font encore partie de la zone d'influence de Moscou de part l'histoire et l'identité de leurs habitants, dont une majorité, culturellement et cultuellement s'identifient au monde slave. Et la conséquence immédiate mais aussi l'objectif d'une telle intégration dans l'OTAN et l'installation de bases militaires US au Montenegro sera la fuite des investissements russes qui représentent plus de 30% du secteur économique (notamment dans l'immobilier et le tourisme). Cette politique a d'ailleurs commencé à montrer le bout de son nez avec la déclaration des autorités monténégrines que le régime de visas pour les touristes russes pourraient être restauré.
Les réactions des monténegrins
Mais le sentiment de la population du Montenegro par rapport à cette intégration de leur pays dans la zone militarisée de l'OTAN n'est pas du tout aligné sur la fébrilité et la volonté affichées par le gouvernement de l'atlantiste Milo Đukanović, et les récentes manifestations anti-OTAN montrent bien que cette perspective d'adhésion génère plutôt une réprobation importante de la part d'une population qui a souffert des bombardements de l'OTAN en 1999, notamment ceux à l'uranium appauvri qui font toujours des victimes 17 ans après la guerre lancée contre la Yougoslavie.
Ces contestations croissantes s'inscrivent aussi dans une opposition grandissante à la politique du Premier ministre Milo Djukanovic au pouvoir depuis vingt-cinq ans sans interruption et qui a progressivement évolué d'un communisme conservateur à un nationalisme belliciste, notamment en soutenant les guerres menées par les occidentaux en Croatie, Bosnie et Herzégovine.
Animé par Gojko Raicevic, un mouvement pour la Paix au Monténégro a décidé de mené une campagne en faveur de la neutralité du pays et donc du refus d'adhérer à l'OTAN. Ce mouvement qui dénonce la prise en otage des monténégrins dans le jeu des puissances par un gouvernement corrompu et mafieux... Pourra-t-il dans ce petit pays de moins de 700 000 habitants générer une opposition suffisamment forte pour qu'ils puissent reprendre leur destinée en main ?
Rien n'est moins évident car conduits par les enjeux géostratégiques de ce balcon maritime, les occidentaux ont lancé le rouleau compresseur d'une OTAN qui cherche a prendre sa revanche après ses défaites géorgiennes, ukrainiennes et syriennes...
Voilà pourquoi la Russie, qui réarme aussi la Serbie en réaction de l'armement de la Croatie par l'OTAN, a qualifié l’intégration du Monténégro dans l’OTAN de « provocation »...
Les Balkans, comme le bloc de la Mer noire ont été et sont toujours une zone particulièrement sensible qui peut d'autant plus se transformer en poudrière très rapidement si l'on considère son environnement ethnico-religieux communautariste agressif. Dans cet ensemble régional disloqué par l'OTAN en 1999, le Monténégro est un coin enfoncé dans le flanc d'une zone d'influence traditionnelle où se disputent de grand enjeux stratégiques comme le contrôle des routes énergétiques gazières...
Une petite parcelle d'Europe à suivre donc attentivement !
Erwan Castel
Les monténégrins connaissent bien l'OTAN !
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