jeudi 2 juin 2016

Provocation décidée ou dérapage paniqué ?

Publié initialement sur Facebook le 2 juin 2016


Défendre par principe les forces de l'ordre d'un État de droit est selon moi un devoir citoyen mais cela ne veut pas dire pour autant accepter que celles ci usent de procédures disproportionnées et dangereuses qui dépassent largement le cadre de la légitime défense.

Les violences observées d'un côté ou de l'autre des manifestations révèlent souvent un manque de professionnalisme et surtout de maîtrise de soi de la part de policiers normalement spécialisés, équipés, encadrés et formés à ces types de missions de maintien de l'ordre, où la discipline et la retenue sont les garants de la sécurisation recherchée.

Donc, soit il y a un malaise opératoire et psychologique dans les rangs de notre police, soit elle obéit à des consignes visant à provoquer une escalade de la violence pour justifier une radicalisation d'une politique répressive...

Quoi qu'il en soit, les actes de violences policières injustifiées observées depuis des semaines sont beaucoup trop nombreux pour être classés au rang de "bavures" anecdotiques regrettables, et réclament une critique globale.

En effet le comportement général (et les résultats) du soldat ou du policier ne sont souvent que le reflet de celui des officiers qui les forment et les commandent et ainsi de suite jusqu'au sommet de l'appareil d'État...

Donc, la démission du gouvernement me semble aujourd'hui nécessaire et surtout urgente autant pour un besoin vital de salubrité politique que de sécurité publique...

Erwan Castel


Le lien , ici : Politis

Rennes : 
la police charge en voiture des manifestants, et les blesse


L'escalade des moyens employés par les forces de l'ordre pour venir à bout des opposants à la loi Travail, vient de franchir un nouveau seuil dans la capitale bretonne.

La violence policière a franchi un nouveau seuil, cet après-midi à Rennes. Il est en effet totalement inédit que les forces de l'ordre chargent des manifestants à l'aide de véhicules de police.

Alors que la manifestation « officielle » contre la loi travail s'était terminée sans incident notable devant la préfecture en début d'après-midi, plusieurs centaines de manifestants ont continué à défiler en se dirigeant vers la rocade de Rennes. Après un jeu du chat et de la souris dans le quartier Villejean à l'ouest de Rennes, environ 300 manifestants ont investi la N12, sur une portion permettant d'accéder à la rocade.

C'est à ce moment qu'une charge a eu lieu, peu avant 15h00 : environ cinq camionnettes de la police ont roulé en direction des manifestants, sans ralentir, pour les disperser. Les policiers ont ouvert les vitres des véhicules pour vaporiser au passage de grandes quantités de gaz lacrymogène et de bombe au poivre sur les manifestants. Les véhicules ne se sont arrêtés qu'après avoir traversé la foule.

Puis plusieurs dizaines de membres des forces de l'ordre ont alors pourchassé les manifestants pour achever la dispersion, à grand renfort de coups de matraque.

Rien ne justifie l'emploi de tels moyens contre des manifestants, si ce n'est la volonté de faire des blessés. Était-ce le but ?

Rien ne peut expliquer un tel déchaînement de violence, si ce n'est le mépris et la haine des opposants au projet de loi Travail. Un mépris et une haine distillés imprudemment par les principaux responsables du gouvernement, attisés par Pierre Gattaz et des éditocrates irresponsables – le dernier numéro du Point, avec sa Une et l'éditorial de Franz-Olivier Giesbert en constitue l'une des pires expressions.

A l'évidence, cette charge inédite marque une nouvelle étape dans l'escalade de la violence, qui avait déjà atteint la semaine dernière un seuil d'alerte avec la terrible blessure infligée par une grenade de désencerclement à Romain D., 28 ans, toujours dans le coma.

À lire >> Loi travail : La répression policière s’accentue

Il est plus que temps que le ministre de l'Intérieur et le Premier ministre condamnent ses débordements, dont chacun sent qu'ils peuvent demain blesser mortellement. De fait, la charge des policiers de Rennes a laissé plusieurs manifestants au tapis.

Selon les informations obtenues auprès des étudiants opposés à la loi travail, cinq d'entre eux ont été pris en charge aux urgences pour des coups de matraque, et un cinquième va rester en observation pour la nuit. Bousculé lors de la charge de la police, peut-être par un coup de bouclier, il a expliqué à l'AFP s'être alors blessé à l’œil en tombant dans un fossé.

Plusieurs journalistes ont aussi reçu des coups de matraque, a constaté l'AFP. « Je me suis pris un coup de matraque sur la tête. Heureusement que j'avais un casque sinon je serais à l'hôpital. Sur mon casque est bien écrit "Presse", donc c'était tout à fait délibéré », a notamment témoigné Vincent Feuray, photographe indépendant, qui a assisté ensuite à des coups portés sur d'autres confrères vidéastes. Le Club de la presse de Rennes et de Bretagne a condamné « fermement ces atteintes à la liberté d'exercer son métier, et rappelle solennellement que les journalistes ne sont pas des cibles ».

PAR MICHEL SOUDAIS ET AFP

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